Artistes 

Emile GUILLAUME (1900-1975)

Emile Louis Pierre Marie GUILLAUME
Paris, 19/06/1900 ; Saint-Nazaire, 14 /07/1975.

Artiste à ne pas confondre avec Emile Oscar GUILLAUME né en 1867 et mort en 1942.
 
                Emile Guillaume est né à Paris mais de souche bretonne car ses aïeux, Joseph et Olivier, ont été maires de Questembert. Au Beaux-Arts de Paris, il a un homonyme Emile-Oscar, scuplteur. Le style instantané de Mathurin Méheut le captive. En 1924, il intègre l’équipe de Mallet-Stevens qui décore le film Le miracle des Loups.
En 1928 il passe ses vacances chez sa grand-mère au Pouliguen et décide de s'installer à La Baule. Associé au décorateur Marcel Darroux, il lui est confié par Roger Bernheim l’ambiance de l'Hôtel Plage et Golf, plage Benoit, réhabilité par l'architecte P.-H. Datessen. Tout comme Lenormant ou Garin, Emile maroufle des fresques régionalistes : les pêcheurs du Pouliguen, les paludiers de Saillé, les mareyeuses du Croisic égaient la salle à manger. J. Le Bihan en publie un article dans la revue Bretagne (n°89 ; 1930). Ensuite Emile se lit d’amitié avec le peintre nazairien R.-Y. Creston puis avec les architectes baulois Grave, Meunier, Louis et Boesch.
Sa facture picturale est aisément reconnaissable avec ses pêcheurs à la peine, en ciré jaune ou roux, halant les barques et ramassant les thons. Puis leurs trognes taillées à la serpe s'entrechoquent au troquet du port sous la lueur blafarde d’une pétoche à pétrole. En 1930, la salle à manger de la « moderne » villa paquebot Athelia (agence d'Adrien Grave) est cernée par ces marins. A Messidor (du même architecte) il peint une scène flamande du XVIIe siècle à la manière de Bosch. Et dans le « window » il créé 3 vitraux. Au Majestic (René Braun, architecte), Guillaume égrène les communes de la côte. Il intervient à la gare routière Drouin dessinée par Georges Meunier, au night-club Colin-Maillard sous le casino de François André mais aussi dans le bordel baulois, ave de Lattre, (face à l’hôtel des Impôts). A Batz, il égaye l’hôtel Calme Logis et, à Port-Lin, le cabanon Paris-Guinguette d’ « Irène ».
Grave et Guillaume forment un cocktail détonnant dans la vie balnéaire bauloise. Un soir d’été, ils se rendent au Pavillon Rose à la party du maire, le comte de Lapeyrouse de Vaucresson. Ce dernier ne paraissant pas parmi ses hôtes, les deux compères le conspuent devant toute la « gentry ». En fait, ils s’étaient chargés des invitations sur le dos du maire parti… en vacances ! En 1936, parodiant le Canard Enchaîné, ils rédigent le Rigadeau Déchaîné (2 n°) pour se moquer allègrement du candidat Métral aux élections municipales. Mais la plume démange Emile et entre 1935 et 1936 il est le correspondant du Phare de La Loire sur la Côte d'Amour.
                Durant la guerre, Guillaume donne des cours de dessin à « El Cid » et publie un ouvrage sur les décors celtiques dans l’Art Moderne (Brest, 1944). Puis lors de la poche de Saint-Nazaire, la Chambre de Commerce à cours de timbres postaux lui en passe commande. Le 13 avril 1945, 50 000 timbres sont imprimés à La Baule. C'est le seul timbre de France titré « Front de l’Atlantique » car édité sous le joug allemand.
                Après la guerre, il créé de nouvelles fresques au Plage et Golf, abîmé par l'occupant, et à Saint-Nazaire il peint un faune sur le rideau du cinéma Trianon. Il décore en 1954, la Loge du Grand Orient de Saint-Nazaire mais aussi celle de « Wagram » à Paris et parsème de ses toiles les autres loges de la région. A Saint-Nazaire, il décore aussi la mairie, une école maternelle et le café le Club, rue d’Anjou. A La Baule vers 1950 il conçoit l’architecture de La Comoë (nom d’un fleuve africain), villa « moderne » pleine d’obliques sur un blockhausallemand et sa propre villa Hon Daou (Nous Deux en breton) incluant son atelier. Il dessine aussi la maison communale de Pen-Bé.
En illustration, il publie une carte de la Bretagne avec costumes et lieux remarquables (Effé éd., Chambéry) et fait de même avec la Presqu’île Guérandaise. Enfin, petit chef-d’œuvre : la série de cartes postales où son crayon croque avec délice de (très) belles bretonnes, leurs mères-grand et leurs vieux loups de mer.

Alain CHARLES (Place Publique n°19, Janvier 2010)
 


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